"Etat de nature" de Jean-Baptiste de Froment

Chronique sur Etat de nature de Jean-Baptiste de Froment
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😎 Le livre en cinq tags : #politique, #hautefonctionpublique, #romancontemporain, #satire, #territoires

"Etat de nature" est un premier roman, un roman sur le monde de la politique, sur la haute fonction publique et sur la vie des cabinets ministériels. Je n'ai pas croisé si souvent des romans qui traitent du milieu politique. J'avais lu l'année dernière le roman d'Edouard Philippe et Gilles Boyer, "Dans l'ombre", consacré aux conseillers politiques / aux apparatchiks et qui offrait une vision très cynique du métier.

Très vite, à la lecture des premières pages d'Etat de nature, on s'interroge sur l'écrivain, sur qui il est. Seul quelqu'un qui a l'habitude de grenouiller dans les couloirs d'un ministère ou de la haute fonction publique, aurait pu écrire un tel roman. On ne se trompe pas puisque Jean-Baptiste de Froment est normalien, ancien conseiller de Nicolas Sarkosy et désormais conseiller spécial au sein du cabinet de Franck Riester, Ministre de la culture. Et il a choisi de publier un roman. C'est ça qui est intéressant, ce n'est pas un essai, ce n'est pas un témoignage ni le lancement d'une campagne électorale, c'est un roman et quel roman !

Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est décapant. L'histoire ressemble tellement à une grotesque farce qu'elle en semble d'autant plus réelle. Les personnages sont cyniques, vulgaires, avides de pouvoirs et bien plus occupés par préserver leurs petits intérêts que par l'intérêt général. Et au milieu de tous ces requins, Barbara détonne. Barbara est une jeune préfète qui a envie de bien faire. Elle est envoyée dans la Douvre, département oublié de France, dans lequel elle excelle rapidement. Elle s'intéresse aux gens et a décidé de redynamiser le secteur. C'est en plus une jeune femme avec un physique qui fait tourner les têtes. Elle a le malheur d'attirer un peu trop la lumière et se fait limoger sous l'impulsion du baron local. Les habitants de la Douvre qui s'étaient attachés à elle, s'en offusquent sans que cela n'ait un quelconque effet.

Il y a Claude également, le "commandeur". Il occupe une place éminente au sommet de l'Etat mais cela ne lui suffit plus. Il veut désormais être calife à la place du calife et réunit son équipe pour réfléchir à la manière de se construire une image dans l'opinion. Les réunions qu'il organise avec ses conseillers, sont édifiantes et l'on finit par se demander s'il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Puis la décision de trop est prise et les Douvriens décident de se révolter. C'est la revanche des territoires, de la France du bas sur la France du haut et l'on ne peut s'empêcher de penser aux Gilets Jaunes...

Au-delà de l'image caricaturale (et désabusée ?) que "Etat de nature" nous renvoie de la vie politique et des hommes qui la font, c'est un roman fin, drôle et bien écrit. A découvrir !

Les + : un premier roman sur le monde politique et la haute fonction publique, le talent d'écriture
Les - : ce livre ne rassure pas sur l'état de nos politiques !

Références : "Etat de nature" de Jean-Baptiste de Froment publié chez Points

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