"Jane et Prudence" de Barbara Pym

Critique de Jane et Prudence de Barbara Pym
💚💚💚

😎 Le livre en cinq tags : #Angleterre, #vieparoissiale, #mariage, #portraitdefemme, #années50

Ravie de retrouver Miss Doggett et Miss Morrow, les héroïnes de "Crampton Hodnet", je me suis vite plongée dans la découverte de "Jane et Prudence", même si je me suis rapidement rendue compte que je m'étais trompée dans l'ordre des livres... Argh ! En effet "Jane et Prudence" a été publié dans les années 50 alors que "Crampton Hodnet" date des années 80. Ce n'est pas si grave car Miss Doggett et sa demoiselle de compagnie, Miss Morrow, ne sont pas les personnages centraux de l'intrigue. Il s'est passé près de trente ans entre l'écriture de ces deux romans, et cela se ressent. Là où "Crampton Hodnet" est drôle et incisif, "Jane et Prudence" est plus linéaire, moins tranchant, moins abouti. 

On retrouve tout de même les ingrédients que j'apprécie chez Barbara Pym, des vieilles filles anglaises, un petit village, les joies de la campagne, le charme désuet des années 50. Et puis il y a dans "Jane et Prudence" un petit truc en plus puisque l'auteure nous fait ici découvrir la vie de bureau à travers Prudence. 

Jane et Prudence sont deux amies qui se sont rencontrées à Oxford. Jane a une quarantaine d'années et est épouse de pasteur. Celle-ci n'est pas vraiment adaptée à ce statut, elle se sent un peu pataude, gauche, et s'interroge souvent sur la manière dont elle doit réagir. Nicholas, son mari, est parfois déconcerté face aux réactions décalées de son épouse. Prudence est à son opposé. C'est une jeune femme de son temps, de 29 ans, toujours célibataire (à l'époque, c'est un âge canonique lorsque l'on n'est pas marié). Elle est très jolie, toujours apprêtée. C'est un véritable cœur d'artichaut, elle multiplie les amourettes sans trouver chaussure à son pied. Elle travaille comme secrétaire dans un bureau londonien. Jane et Prudence, bien qu'amies, ont donc un tempérament bien différent et une vie bien différente. Alors que le mari de Jane vient de se faire muter comme nouveau pasteur d'un petit village anglais, cette dernière repère rapidement un charmant veuf, Fabian Driver, qu'elle pense parfait pour Prudence. Elle s'ingénie donc à jouer les entremetteuses...

Même si j'ai clairement préféré la lecture de Crampton Hodnet qui reste mon roman préféré de Barbara Pym, j'ai passé un bon moment en compagnie de Jane et Prudence. Le contraste entre les deux personnages est intéressant. Jane est aussi mal adaptée à la vie de femme de pasteur que Prudence l'est à sa vie de bureau. On retrouve la finesse d'observation de Barbara Pym sur les tracas du quotidien, la description de la vie paroissiale, l'obsession du mariage, tous ces thèmes chers à l'écrivaine. Une seule interrogation demeure, l'interaction entre les deux romans, en particulier par rapport à Miss Morrow. Je ne peux en dire plus au risque de dévoiler l'intrigue mais j'ai du mal à savoir comment les deux romans sont censés se répondre l'un à l'autre...

Les + : le charme désuet des romans de Barbara Pym, la condition de la femme anglaise dans les années 50, la finesse d'observation et l'humour
Les - : un roman probablement moins abouti que Crampton Hodnet

Références : "Jane et Prudence" de Barbara Pym chez Fayard (traduction Bernard Turle)


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