"Une question d'éducation" (Volume 1 de La Ronde de la musique du temps) d'Anthony Powell

Critique de La ronde de la musique du temps d'Anthony Powell
💚💚💚

😎 Le livre en cinq tags : #Angleterre, #romand'apprentissage, #vingtièmesiècle, #saga, #bourgeoisie

Anthony Powell, grand écrivain britannique du XXième siècle, a consacré près de 25 ans à l'écriture de son vaste ouvrage, "La ronde de la musique du temps". "Une question d'éducation" en est le premier volume. Ce roman m'a attiré l'œil car la quatrième de couverture indique que Anthony Powell est le Proust britannique. Il n'en fallait pas plus, mais je dois malheureusement reconnaître qu'il y a un certain fossé qui sépare les deux auteurs. On peut certes reconnaître l'influence de Proust dans l'idée d'avoir rédigé une œuvre consacré à un jeune homme qui passe du temps dans le monde, œuvre qui s'étale sur plusieurs volumes. Mais la comparaison s'arrête probablement là. Difficile de reconnaître dans la plume d'Anthony Powell, le phrasé si particulier de Proust et la justesse d'écriture de l'écrivain français pour la description des sentiments. 

Et forcément ce premier volume, "Une question d'éducation", en a un peu pâti. Le début m'a décontenancée dans le sens où l'on plonge directement dans la vie estudiantine de Nicholas Jenkins. Nous connaissons à peine son nom. Il nous est indiqué que la trame se déroule en 1921 et nous supposons que l'histoire se déroule, Jenkins étant bien né, d'abord à Eton puis à Oxford. La première centaine de pages est consacré principalement à ses deux amis, Stringham et Templer. Ceux-ci sont très différents l'un par rapport à l'autre mais également par rapport au narrateur, Jenkins. Ils sont tous deux issus de grandes familles bourgeoises que Jenkins a l'occasion de découvrir lors de séjours chez eux. Puis Jenkins part en France, en Touraine, pour perfectionner son français au sein d'une pension. Et c'est à ce moment là que l'histoire a véritablement démarré pour moi. Il y rencontre d'autres pensionnaires hauts en couleurs et retrouve même l'un de ses anciens camarades du lycée. Les personnages sont décrits avec humour, c'est plein de charme et l'on sourit souvent. Stringham et Templer prennent chacun des chemins séparés alors que Jenkins poursuit ses études universitaires sans avoir d'idée très précise sur son avenir. Il participe à la vie universitaire et en apprend ainsi un peu plus sur la vie. 

Ce livre est avant tout un roman d'apprentissage, un roman sur l'amitié, sur les premiers émois, qui nous dresse un portrait de la jeunesse dorée britannique du début du XXième siècle. Anthony Powell a un vrai talent d'écriture et je ne doute pas qu'il se déploie pleinement dans les onze autres volumes.

Extrait de la page 46 : 

"L'aventure de Templer montrait jusqu'où il était capable d'aller et son comportement, qui jusque-là m'avait souvent paru montrer de sa part un goût de la provocation inutile et parfois même fatigant, vint s'harmoniser avec une expérience plus vaste et différente. J'éprouvai soudain davantage d'amitié pour lui. Il semblait que son personnage eût trouvé sa place. Et il était indéniable qu'il avait le sentiment d'avoir franchi une étape ; ce qui explique sans doute qu'il devint un ami plus reposant et plus agréable. 
Au bout d'un certain temps, mais cela dura quand même jusqu'à la fin du trimestre, Le Bas se résigna à une sorte de compromis à propos de cette affaire de train : Templer reconnut qu'il avait eu tort de ne pas rentrer plus tôt, tout en prouvant qu'il avait pu raisonnablement être égaré par des changements dans l'horaire."

Les + : un roman d'apprentissage sur un jeune étudiant anglais, l'écriture et la galerie des personnages
Les - : un peu lent à démarrer / la comparaison avec Proust

Références : "Une question d'éducation" ("La ronde de la musique du temps - I") de Anthony Powell publié chez Christian Bourgeois Éditeur (Traduction : Michel Doury).





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