Les lectures de vacances : "Est-ce ainsi que les hommes jugent" de Mathieu Menegaux
😎 Le livre en cinq tags : #thriller, #justice, #perquisition, #réseauxsociaux, #réflexionssurnotretemps
Cela faisait un moment que je voulais lire ce roman, je l'avais déjà repéré lorsqu'il avait été publié chez Grasset, la sortie en petit format chez Points et le démarrage de l'été ont été l'occasion de s'y mettre ! Je n'ai pas été déçue et après avoir refermé le livre, j'ai poursuivi ma lecture en regardant des interviews de Mathieu Menegaux. Je voulais en savoir un peu plus sur lui, sa biographie est très limitée en quatrième de couverture, et je voulais surtout comprendre ce qui l'avait amené à écrire un tel livre, à évoquer un tel sujet…
Car "Est-ce ainsi que les hommes jugent ?" ne laisse pas indifférent. D'abord par son titre puisque l'auteur semble vouloir nous amener vers le constat que les hommes jugent mal, puis par son sujet. Gustavo, un monsieur tout le monde, un directeur financier, se prépare pour une importante présentation à son travail, un dossier qui lui tient à cœur et sur lequel il travaille depuis un moment. Mais il ne se fait pas réveiller par son réveil ce matin là mais par la police qui vient frapper chez lui pour une perquisition. Gustavo est soupçonné d'avoir agressé il y a trois ans de cela, une jeune fille sur un parking et d'avoir tué son père. C'est là que la spirale infernale se met en place, Gustavo est entraîné dans le tourbillon de la perquisition puis de la garde à vue.
Ce roman est très intéressant dans sa construction car l'auteur alterne les points de vue, on se trouve à la fois dans la tête de Gustavo, de sa femme, Sophie, mais également des policiers en charge de l'affaire. Nous pouvons ainsi comprendre le point de vue de chacun, Gustavo qui ne sait pas ce qui lui tombe dessus, Sophie qui n'ose pas croire ce que l'on reproche à son mari, ou encore le policier qui dirige l'enquête et qui a promis à Claire de coincer le meurtrier de son père. Et on est happé par l'histoire… On a envie de savoir ce qu'il arrive à Gustavo et sa famille, s'il s'en sort, s'il est coupable. Et en même temps, nous sommes terrifiés car cette machine judiciaire qui s'enclenche, cela peut arriver à tout le monde. C'est d'ailleurs le talent de Mathieu Menegaux, car chacun des lecteurs s'identifie nécessairement à ce monsieur tout le monde et se dit "et si c'était moi ?". Il ne peut donc que rencontrer l'adhésion à une époque où les médias (coucou Monsieur de Rugy) et les réseaux sociaux font la loi et ce, pas toujours dans la dentelle…
Je me suis donc demandée si l'histoire qui nous est contée par l'auteur, est choquante et mérite de s'interroger sur la manière dont nous rendons justice. Deux types de justice sont évoqués dans ce roman : la première, la justice classique telle qu'elle est prévue par le droit pénal français. Mathieu Menegaux nous raconte avec précision, le déroulement de la perquisition, la garde à vue de Gustavo, le comportement des policiers, la violence de l'intrusion de ces policiers dans l'intimité de cette famille. Sans en dire trop sur l'histoire, j'ai tendance à considérer que la police fait ici son travail. Certains considéreront sûrement que les policiers font preuve d'un peu trop de zèle et que la perquisition est très / trop violente. Mais par définition, une perquisition est violente puisqu'elle a pour objet de permettre la recherche, souvent au domicile de la personne concernée, de pièces permettant d'établir sa culpabilité. Dans le cas qui nous occupe, il semble que la justice fasse correctement son travail. Sur cette partie, il ne semble donc pas que les hommes jugent mal. Le talent de Mathieu Menegaux est de nous faire vivre cette épreuve, pas si courante, de l'intérieur, comme si nous étions un membre de la famille, et de nous faire ressentir l'humiliation et la peur qui traversent Gustavo alors que tout l'accuse.
La deuxième justice évoquée, est la justice populaire, qui est bien plus problématique. Celle de certains médias et des réseaux sociaux. Le droit pénal a fait son œuvre, l'enquête est allée jusqu'au bout et pourtant, tel un boomerang, Gustavo et sa famille doivent subir cette deuxième justice, celle des anonymes qui se déchaînent alors qu'ils ne disposent que des informations fournies par l'une des parties. C'est désormais un phénomène de société bien connu, que nous constatons au gré des faits divers et scandales politiques multiples. Là encore Mathieu Menegaux réussit à nous le faire vivre de l'intérieur. Il n'est pas si fréquent que l'on s'interroge sur le devenir de ces personnes, accusées à tort ou non, qui subissent la tornade des réseaux sociaux. Et il faut reconnaître que c'est terrifiant. C'est d'autant plus terrifiant qu'il s'agit d'un phénomène endogène, créé par notre société mais que l'on ne maîtrise pas ou plus…
"Est-ce ainsi que les hommes jugent" est donc un livre qui fait réfléchir sur notre société, sur notre époque et comme cela n'arrive pas aussi souvent que cela, cela serait bête de passer à côté !
Les + : Un thriller haletant qui fait s'interroger sur notre époque
Les - : difficile d'en trouver, peut-être que la deuxième partie sur la justice populaire soit plus longue
Références : "Est-ce ainsi que les hommes jugent" de Mathieu Menegaux chez Points
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