"Le fossé" de Herman Koch

Critique du livre Le fossé de Herman Koch
💚💚💚

😎 Le livre en cinq tags : #roman psychologique, #couple, #euthanasie, #Pays-Bas, #Amsterdam

Ce roman m'a laissée un peu perplexe, pas forcément dans le mauvais sens du terme… Herman Koch, c'est l'auteur du Dîner, livre génial et très dérangeant, l'un des livres néerlandais les plus traduits dans le monde. Depuis, j'ai lu la plupart les livres de cet auteur, en tout cas ceux traduits en français. 

"Le fossé" nous emmène dans la tête d'un homme, le maire d'Amsterdam. Le point de départ est que cet homme, le narrateur, remarque lors d'une soirée professionnelle sa femme qui rit aux éclats alors qu'elle est en train de discuter avec l'adjoint à la mairie. Que peut-il bien lui raconter ? Et comment cet homme, qui paraît tellement insignifiant, peut-il faire rire autant sa femme ? C'est à partir de cet évènement que nous suivons le fil des réflexions de cet homme. Herman Koch réussit à donner l'impression d'être véritablement dans la tête du narrateur, on passe d'une idée à l'autre, d'un souvenir à l'autre, parfois sans crier gare. Et ce n'est pas désagréable car ce n'est pas si fréquent de lire des portraits d'homme tel que celui-là. C'est un homme qui a, a priori tout, un travail important, du pouvoir, une femme qui l'aime (c'est ce qu'il croyait tout du moins) et qu'il aime, une fille à laquelle il tient par dessus tout. Pourtant il commence à douter, à surveiller sa femme, ses réactions. Si elle réagit comme d'habitude sans rien changer, c'est qu'il se fait des idées sur une potentielle relation adultère. Ou au contraire, le fait qu'elle ne change rien, n'est-il pas le signe qu'au fond tout a changé ? Et puis au-delà de sa femme, il y a les parents de cet homme, qui ont décidé de mettre fin à leurs jours car justement tout va bien. C'est à en manger son chapeau, comment et pourquoi ses parents peuvent-ils décider de faire une chose pareille ? 
A travers ces deux fils narratifs, le narrateur explore de multiples sujets sur la notion de couple, le pouvoir, l'écologie (les politiques de tri des déchets !). Il rencontre même François Hollande pour lequel il a une certaine affection grâce à l'épisode du scooter… Herman Koch réussit d'ailleurs parfaitement à nous faire croire à cet homme, maire d'Amsterdam, en le mettant en contact avec des personnes existantes, des politiques principalement, François Hollande donc, mais également Barack Obama.

Bref il y a beaucoup de choses dans ce roman, c'est une critique de notre société, de la société néerlandaise en particulier. A l'instar du Dîner, Herman Koch pose un regard très cynique sur notre époque et nous laisse un peu en chemin malgré tout. Que penser du dénouement de ce roman ? Je ne sais pas trop, et j'aurais aimé que Herman Koch nous emmène un peu plus loin. C'est la petite déception dans ce roman…

Si vous avez raté le début : 

"JE L'APPELLERAI SYLVIA. Ce n'est pas son prénom - son vrai prénom ne ferait que détourner l'attention. Les gens associent toutes sortes de choses aux prénoms, surtout quand le prénom en question n'est pas d'ici, quand ils ignorent totalement comment le prononcer, sans parler de l'écrire correctement. 
Contentons-nous de dire que, dans tous les cas, il ne s'agit pas d'un prénom néerlandais. Ma femme n'est pas originaire des Pays-Bas. Je préfère pour l'instant ne pas préciser d'où elle vient. Bien entendu, nos proches connaissent son pays d'origine. Quant aux personnes qui lisent assez régulièrement les journaux et regardent les actualités, elles ont dû finir par l'apprendre. Mais pour la plupart, elles ont la mémoire courte. Elles l'ont peut-être entendu une fois, puis oublié. 
Robert Walter, il n'a pas une femme qui vient d'un autre pays ?
Oui, effectivement, tu as raison, elle est de… de… Allez, aide-moi…
Les gens associent toutes sortes de choses aux pays qui ne sont pas le leur. Chacun a droit à son lot de préjugés. Les préjugés s'accroissent à mesure qu'on se déplace vers l'est, ou vers le sud. Cela commence dès la Belgique. Faut-il répéter ici nos préjugés à l'encontre des Belges ? Des Allemands, des Français, des Italiens ?"

Les + : une plongée dans le fil des pensées d'un homme, un regard cynique sur notre société et ses travers
Les - : on reste un peu sur sa faim

Références : "Le fossé" de Herman Koch publié aux Éditions Belfond

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