"Anatomie d'un scandale" de Sarah Vaughan

Critique de "Anatomie d'un scandale" de Sarah Vaughan
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"Anatomie d'un scandale" est déjà un gros succès de librairie, 250.000 exemplaires vendus selon le bandeau qui entoure le livre. Il faut dire que le pitch est attirant et le livre se lit facilement. Probablement un très bon candidat de livre pour l'été. Il faut croire que j'ai pris un peu d'avance cette année, mais je n'ai pas été déçue. 

Sarah Vaughan nous livre ici un thriller prenant, l'histoire d'un sous-secrétaire d'Etat anglais, proche du premier ministre, James Whitehouse, qui se fait accuser du viol de l'une de ses collaboratrices, assistante parlementaire, qui est, accessoirement, son ancienne maîtresse. On suit ainsi le procès de James Whitehouse, à travers principalement les yeux de son épouse, Sophie, femme et mère parfaite, mais également de Kate, l'avocate de la défense. Sarah Vaughan nous fait faire des allers-retours dans le temps afin de comprendre pourquoi et comment chacun de ces personnages en est arrivé là. Et il faut reconnaître que l'on tourne vite les pages pour découvrir si James Whitehouse s'en sort ou non. Bref, "Anatomie d'un scandale" remplit pleinement les critères du "page-turner". 

Au-delà du suspense attaché au procès, il y a beaucoup de sujets abordés dans ce roman, le droit pénal anglais / la tenue d'un procès qui nous sont décrits avec minutie, le mouvement #metoo à travers Olivia, la victime, dont la parole est si difficile à entendre surtout lorsqu'il s'agit d'accuser de viol, un homme politique proche des plus hautes personnes de l'Etat. 

Il y a également les conséquences traumatiques d'un viol qui nous sont présentés, comment une femme victime d'un tel acte peut mettre des années à s'en remettre, voire ne jamais s'en remettre, et comment sa vie se façonnera en fonction de cet évènement tragique. 

Le regard de Sophie, l'épouse trompée qui s'interroge sur son mari (au-delà de l'infidélité, son mari a-t-il pu abuser d'une jeune femme ?) est également très intéressant. 

Enfin Sarah Vaughan nous dresse un portrait terrible de la jeunesse dorée, celle ayant fait ses études à Oxford en l'occurrence, cette jeunesse qui se croit tout permis sous prétexte qu'elle est promise à un brillant avenir… En ce sens, "Anatomie d'un scandale" m'a fait penser au "Bûcher des vanités" de Tom Wolfe, mais à la sauce anglaise et dans un contexte politique. 

C'est donc une réussite, une vraie lecture divertissante qui donne aussi à réfléchir…

Les premières lignes : 

"Kate - 2 décembre 2016 

Ma perruque gît sur mon bureau, à l'endroit où je l'ai lancée. Une méduse échouée. Dès que j'ai quitté le tribunal, je néglige cet élément crucial de mon costume, lui manifestant l'exact inverse de ce qu'elle est censée inspirer : le respect. Faite main, en crin de cheval, elle vaut près de six cent livres, et je compte sur elle pour accroître le sérieux dont je crains parfois de manquer. La transpiration fera jaunir les racines, et les belles boucles, d'un blanc cassé, se détendront. Il y a dix-neuf ans que j'ai été admise au barreau, et ma perruque ressemble toujours à celle d'une débutante consciencieuse - et non à celle d'une avocate qui l'aurait héritée de son père (même si la transmission se fait plus souvent entre hommes). Voilà le genre de postiche dont je rêve : terni par la patine de la tradition, du droit et du temps."

Références : "Anatomie d'un scandale" de Sarah Vaughan publié chez Préludes (traduction : Alice Delarbre)

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