Les lectures de vacances (suite) : La saison des feux de Celeste Ng
💚💚💚💚💚 - 💕 (coup de cœur!)
On ne compte plus les romans issus de la littérature américaine moderne qui nous décrit la vie des banlieues riches où tout n'est pas ce qu'il parait être. On pense également à certaines séries télévisées telles que "Desperate Housewives".
Il faut pourtant reconnaître que
Celeste Ng pousse l'exercice un peu plus loin en entrant de manière subtile
dans la psychologie de ses personnages et on en apprend plus sur la raison
d'être de ces mères de famille qui se cachent derrière leur pavillon à la
pelouse bien tondue.
"La saison des feux" se
déroule donc dans la banlieue cossue (et tranquille) de Cleveland. On y suit la
famille Richardson, le père est avocat, la mère est journaliste. Ils ont trois
enfants adolescents, Trip, Lexie et Izzy. Les Richardson sont propriétaires
d'une petite maison située dans la partie moins chic du quartier, qu'ils louent
depuis toujours à des tiers. De leur propre aveu, les Richardson n'ont pas
besoin de ce loyer pour vivre mais Madame Richardson met un point d'honneur à choisir
un locataire qui ne pourrait pas se payer un logement dans ce type de quartier.
Elle est très fière de sa bonne action et de la main tendue qu'elle offre aux
moins chanceux qu'elle. Cette fois-ci elle choisit une artiste, Mia, une jeune
mère accompagnée de sa fille, Pearl. Mia ne vit que de son art et des petits
boulots qu'elle effectue de temps en temps en complément. Afin de l'aider,
Madame Richardson va jusqu'à proposer à Mia de faire le ménage chez eux tandis
qu'en parallèle Pearl se lie profondément aux enfants Richardson.
C'est le choc de ces deux mondes,
de ces cultures, que Céleste Ng nous conte dans son roman. Nous savons tout de
suite que la relation entre la famille Richardson et Mia et sa fille, se
termine mal : le roman démarre sur l'incendie de la maison Richardson alors
qu'en parallèle Mia et Pearl quittent la ville. Nous remontons donc dans le
temps pour savoir ce qui a dérapé et comment.
Il y a beaucoup de choses dans ce
roman. C'est d'abord une critique terrible de l'Amérique bien-pensante
représentée en particulier par Madame Richardson. Le portrait de cette mère de
famille, journaliste, qui a organisé sa vie au millimètre près, est terrible
(et en même temps tellement juste). La vie de bohème menée par Mia lui semble
incompréhensible car en dehors du cadre. C'est également un livre sur la
famille, sur ses secrets, sur la maternité (à travers l'adoption et la
gestation pour autrui) ainsi que sur les relations mère – fille (le lien entre
Madame Richardson et ses enfants ainsi que celui entre Mia et Pearl sont
examinés à la loupe). Celeste Ng nous conte l'histoire du point de vue des
personnages féminins et c'est passionnant. L'histoire de Bebe est aussi captivante
et l'on s'interroge légitimement sur le sort réservé à sa fille. Bref c'est un
livre subtil qui se lit comme un thriller, alors même qu'il n'y a ni cadavre ni
enquête policière.
Si vous avez raté le début
C'est l’événement de l'été à
Shaker Heights, Isabelle (la dernière des enfants de la famille Richardson) a
mis le feu à sa maison. Celle-ci a toujours été considérée comme un peu
marginale au sein de la famille mais a posteriori les voisins diraient qu'il y
avait toujours eu quelque chose qui clochait dans cette famille. En tout
cas cet incendie a eu pour effet de renouveler les sujets de conversation après
l'affaire de la petite Mirabelle McCullough.
Références : "La Saison des
feux" de Celeste Ng chez Sonatine Editions
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