"Un mariage anglais" de Claire Fuller, une réussite

Critique de "un mariage anglais" de Claire Fuller aux éditions Stock
💚💚💚💚💚 - 💕 (coup de cœur!) 

Tout d'abord merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de lire ce roman. Comme le titre de cet article l'indique, c'est une vraie réussite ! Je ne prenais pas trop de risques au départ, je n'ai lu que des bonnes critiques sur ce livre.

"Un mariage anglais" est l'autopsie d'un couple composé de Ingrid, jeune étudiante de 20 ans lors de sa rencontre avec Gil Coleman, qui deviendra son mari, professeur de littérature à l'université et futur écrivain à succès. Cette autopsie, c'est Ingrid qui la réalise au gré de lettres destinées à son mari qu'elle glisse dans les livres de la maison juste avant de disparaître (je ne dévoile rien, on le sait dès le départ !).

Elle décide donc de lui raconter de son point de vue ce qu'elle a vécu, leur amour, leur couple, la maternité, l'attente, toute une vie revue, décortiquée, qui l'amène à se volatiliser et à laisser derrière elle ses deux filles, Nan et Flora.

En parallèle de ces lettres, nous suivons Nan et Flora, les deux filles d'Ingrid et de Gil, devenues adultes, qui reviennent dans la maison de leur enfance pour s'occuper de leur père malade. Ingrid a disparu depuis 12 ans sans que ses proches n'aient jamais su ce qui lui était arrivé. Le roman démarre alors que Gil croit avoir aperçu Ingrid dans la rue. L'espoir renaît donc pour ces deux filles.

L'histoire de ce couple est a priori assez banale, un professeur d'université réputé pour être coureur de jupons qui s'entiche de son étudiante de 20 ans. Mais avec ce "Mariage anglais", on vit leur histoire de l'intérieur. Ingrid a tout juste 20 ans lorsqu'elle débarque dans la vie de Gil, dans sa maison. Elle abandonne tout pour le rejoindre, ses études, sa vie, ses grands projets avec Louise, son amie. Elle apprend la solitude, la maternité. Lui ne change rien, il continue à organiser de grandes fêtes dans sa maison, il s'enferme pendant des jours dans son atelier, pour écrire un roman qui ne se finit jamais. Il y a donc un petit côté voyeur dans ce mariage anglais car on a envie de connaître leur histoire, de savoir comment cette amourette a survécu au fil des années, au fil de la maternité d'Ingrid, du succès professionnel de Gil. Et en même temps, on se prend tout de suite d'amitié pour cette femme qui souffre, qui se sent seule, abandonnée, qui attend son mari pendant des mois sans savoir quand il rentrera.

Le point de vue des filles est également très intéressant. Elles ne connaissent pas bien l'histoire de leurs parents. Flora, la plus jeune, idéalise complètement son père qu'elle voit comme un héros. Nan est beaucoup plus lucide sur la souffrance vécue par sa mère et les causes de sa disparition. Elles ont souffert d'avoir perdu leur mère toutes petites sans savoir ce qui lui était arrivé, elles ont souffert aussi du regard des autres qui s'interrogeaient sur la disparition de "la femme de l'écrivain" et avaient pitié d'elles.

C'est probablement parce qu'il évoque des sujets universels que ce "mariage anglais" trouve un écho chez beaucoup de gens. Et puis c'est le temps de l'été, le temps de la mer, quoi de mieux que de lire ce roman dont le titre original est "Swimming lessons".

Si vous avez raté le début

Gil se trouve dans une librairie lorsqu'il aperçoit sur le trottoir d'en face, sa défunte femme. Il était en train de fureter dans les livres à son habitude et avait fini par trouver une lettre, écrite à la main dont il parvenait à lire la date, 2 juillet 1992. C'est un geste banal, la remise d'une mèche de cheveux derrière son oreille qui lui a fait reconnaitre sa femme, geste qu'il aurait reconnu entre mille.

Références : "Un mariage anglais" de Claire Fuller aux éditions Stock - La cosmopolite

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